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carnet 01
un mec est à l’ANPE et il écrit dans un carnet. Franchement, il trip trop au lieu d’attendre comme un funiculaire. Une fille le regarde. Tant qu’il ne la voit pas, il est persuadé qu’elle est trop mignonne. Finalement il tourne la tête : bof. Alors de nouveau il est face à son vide intérieur qu’il tente de fuir par le flot des mots. Mais sans cesse l’angoisse de la fin des mots le prend et le pousse à continuer, à trouver une sortie, un rebondissement, le moindre détail qui lui ouvrirait un univers inconnu aux limites infinies. Cependant il est coincé, à l’ANPE, il doit attendre dans une pièce, et personne en vu ! Le vide a été eche… Mon nom, c’est mon tour
carnet 02
un mec est au cinéma et il écrit dans un carnet. Franchement, il trip trop au lieu d’attendre le film. Le silence angoisse les quelques spectateurs qui n’osent pas trop parler. Lui est seul, mais il s’en fout, il a son carnet. Le bruit d’un homme qui s’assoit à sa gauche l’interrompt ; mais un instant seulement car il replonge aussitôt dans le flot qui comble son attente et accapare ses pensées. Un autre homme s’assoit devant. Il n’y a aucune fille dans ce cinéma, ce n’est pas possible ! Peut être que le film est ciblé homo ? Où plutôt macho ? Mais alors je fais quoi ici ? Je suis un mélange homo-macho ? Est-ce seulement possible ? En tout cas, pas de quoi bander ici, pas de quoi fantasmer, et ça n’aide pas à combler le vide intérieur qui devient tout à coup palpable et dont la noirceur renvoie aux peurs primitives existentielles. Cette fois, un bonhomme serait le bienvenu, même pour s’asseoir juste à côté. Ca y est, c’est le noir du vide. Ah non. Le film commence…
carnet 03
un mec est surveillant d’exposition et il écrit dans un carnet. Franchement, il trip trop au lieu de s’emmerder devant les mêmes tableaux toujours et encore. Comme un aveugle dans le silence. Oh tiens, une distraction, une musique me parvient des résonances de l’abbaye. C’est religieux, mais dans ce contexte, fort appréciable. Quelques murmures arrivent aussi à mon oreille. Impossible de savoir ce qu’ils disent, trop de réverbération. Ce n’est pas encore le moment de venir, je suis occupé à écrire, venez quand le vide se rapprochera. Tant pis, ils ne peuvent pas comprendre. Un couple avec leur enfant zigzague entre les photos au bout du couloir. Je les aperçois depuis mon bureau. La musique s’arrête, je devine un curé qui débite ses salades sur la maison et dieu qui aide à la construire. Le couple prend tout son temps pour venir. Moi qui n’ai plus rien à penser maintenant. Magnez vous ! Une porte claque à ma gauche, ah merci. Déjà son écho se dissipe. Mais où sont donc tous ces empêcheurs de lire en rond qui passent habituellement dans ce fichu couloir en disant une fois sur deux bonjour ? C’est là que j’ai besoin de vous, quand le trou noir du vide s’amène ! Heureusement le gamin s’est rapproché et m’a regardé. J’ai levé les yeux sur lui, il a eu peur, son regard s’est écarquillé et il s’est détourné vers ses parents. Bonjour, bonjour. Je le regarde à nouveau, il détourne ses yeux flippés. Le vide froid devient désormais palpable. Mais ses parents sont figés sur une photo. Faites quelque chose. Déjà, le bord du vide est visible. Ah ils changent, et non ils se fixent. Mais oui c’est ça, entrez, regardez les beaux tableaux. Mais entrez voyons ! Les photos sont jolies d’accord, mais vous en avez déjà vu 30, alors attaquez les tableaux. Un autre enfant court devant moi, je n’ai pas pu lui faire de grimace, il était trop rapide. Pourtant il est accompagné de ses grands-parents lents. Voilà, les vieux ils aiment les tableaux. Le premier couple esquive la salle, mais les vieux sont entrés. Attendez moi, j’arrive pour lire sur ma petite chaise dans la salle. Ils sont déjà repartis, à peine le temps de lire une page. Et me voilà dans le silence total, face à moi-même. Je retourne à mon bureau pour m’occuper l’esprit le temps du court trajet. Des bruits de talons, quelqu’un approche ! C’est bien une femme, et une très belle femme. Bonsoir, bonsoir. Mon regard perçant a croisé le sien, mais je ne peux rien faire pour la retenir, pour prolonger le contact si furtif. Il ne me reste qu’à contempler son joli petit cul qui disparaît au coin du couloir. Les trompettes musicales reprennent…