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TIBOUDOS
Concrètement, ce n’était qu’un dos. Mais alors pourquoi celui-ci m’emplissait-il de mystère ? La fenêtre, transperçant le mur, laissait déjà passer les rayons orange du soleil. Ainsi, une chaude lumière remplissait la pièce et enveloppait le dos. On avait l’impression qu’il se faisait le plus beau du monde, afin de rivaliser avec notre étoile. Le dos se soulevait régulièrement, dans un mouvement aussi ample que fluide, totalement hypnotisant. La peau semblait se dédoubler et former un halo presque divin. Sous l’effet de cette respiration, les reflets dorés qui s’y dessinaient en scintillaient. La fenêtre, dont la vitre était tirée, laissait aussi entrer les senteurs de l’été. La douce chaleur faisait perler une fine pellicule d’eau sur la peau toute lisse. Si bien que sa légère fragrance me parvenait. Elle était à la fois épicée et suave. Une bouffée d’air frais me faisait tourner la tête. Ce dos ciselé pour les regards les plus exigeants, n’était qu’une tentation pour le toucher. Mes mains tremblaient sensiblement. Cependant, je ne pourrais en connaître l’aspect. Etait-ce la raison du mystère ? Ou bien venait-il de la coïncidence de tous ces détails réunis ? Peut être que le secret était tout simplement qu’il s’agissait du dos d’Alexandra.
TIBOUDMAIN
Je marche dans la rue, le soleil a son zénith. Il y a pleins d’obstacles à éviter. Pourtant, toute mon attention est portée sur une main. Elle balance au bout d’un bras, mais ça ne m’intéresse déjà plus. TOUT tient à cette main. Elle ne semble pas affectée par sa propre inertie et fend l’air vivement. Son mouvement de balancier est hypnotisant ; il est de ces mouvements que l’on peut contempler hors du temps, car le temps s’arrête à leur contemplation. Comme-ci cette main emportait toute la masse du membre sans le moindre effort. S’en dégage une sensation de légèreté qui tient tout autant à son agile fluidité qu’à sa texture. Il semblerait que la main ait été sculptée à partir d’un nuage d’albâtre. D’abord simplifié, afin d’en équilibrer idéalement les proportions. Puis ciselé de longues heures durant jusqu’à obtenir un lissage de Pégase. Je me saisis de cette main. Elle m’échappe. Ce n’est pas comme-ci elle m’avait rejeté, mais elle m’est insaisissable. Pendant un temps, mon attention se détourne sur l’arête du trottoir qui défile entre elle et moi. Du béton, un quelconque béton. Mais dur et concret. Je me saisis de la main. Je la tiens cette fois. Elle me rejette. Trop tard, elle m’échappe. A toute allure, elle disparaît dans une grappe de mains anonymes. Son mystère, in élucidé, disparaît avec. Le trottoir est toujours aussi dur, banalement gris. Curieusement, le mystère semble s’y diluer. Je crois finalement deviner l’origine de mon trouble. Il s’agissait de la main d’Alexandra.